Comme chaque année depuis un moment, je fais un petit bilan sur mes activités d’auto-édition. Cette année, c’est un peu plus tard parce que j’avais envie d’avoir des chiffres de vente plus consolidés (en vrai je suis pas sure de ce que ça veut dire mais ça sonnait stylé) et accessoirement de prendre un peu le temps de réfléchir plutôt que de juste étaler ma déprime habituelle post-faisage de comptes.
L’année dernière j’écrivais en introduction « on va pas se mentir, c’est plutôt morose, au point où j’en viens à me demander si ça sera pas le dernier », là on va essayer de se calmer sur les sorties de violon et y aller plus posément.
Activité
En termes d’écriture, l’année 2024 n’a pas été folichonne, comme la précédente et celles d’avant. J’ai continué un projet de roman que j’avais commencé fin 2023 et que j’espère bien terminer cette année.
C’est clairement pas ouf, mais là ou l’an dernier j’étais hyper négative (« je pense que la question se pose d’arrêter cette aventure »), là je pense que c’est surtout que l’écriture de romans n’est plus le seul média auquel j’ai envie de me consacrer, et ce n’est pas très grave.
Il faut dire que même si je n’ai pas écrit de nouvelle choses, il y a quand même eu de la relecture et de la mise en page pour faire une sortie, ce qui est quand même plus sympathique. Et on peut même dire deux, puisqu’en plus du roman La fusillade est une science sociale, j’ai aussi adapté la nouvelle Sortir du cercueil en fiction (pas très) interactive, que je vous encourage à découvrir (gratuitement) sur Itch.io.
Je voulais aussi un peu plus écrire sur le blog, en testant d’autres choses ; au final je ne l’ai fait qu’en début d’année, oups. J’aimerais vraiment réussir à l’alimenter plus régulièrement. Parmi les tentatives dont je suis contente, il y a l’article sur Wikipédia, où j’estime avoir au moins essayé de faire un travail journalistique (plus, en tout cas, que certains journaux qui ont pondu des trucs à la va-vite, mais ça ne veut pas dire grand-chose…). Il y aussi des choses que je trouve moins satisfaisantes, comme mes tentatives de critiques jeux vidéos qui au final n’apportaient pas grand-chose et sont un peu au ras des pâquerettes.
Nombre de ventes
Allez on passe sur le côté chiffres, en sachant que j’ai un tout petit peu changé ma façon de calculer ce qui rentre dans une année VS une autre par rapport aux bilans précédents mais ça devrait pas être majeur.
Remarque
Ces chiffres ne concernent que les ventes de livres en auto-édition, et donc ne prennent pas en compte Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), Enfants de Mars et de Vénus, ni Créatures de Rêve, qui sont édités par Dans nos histoires dans le circuit plus «traditionnel». Aussi, ils ne sont pas forcément fiables à 100%, mais ça donne une idée.
- Numérique/Ebooks : 97 (↗️ 94 l’an passé)
- Amazon : 40 ( 41%) (↘️ 51 l’an passé)
- Kobo : 17 (18%) (↗️ 11 l’an passé)
- Ko-Fi: 27 (28%) (↗️ 18 l’an passé)
- Autres : 13 (13%) (↘️ 14 l’an passé)
- Papier : 95 (↗️ 46 l’an passé)
- Total : 192 (↗️ 140 l’an passé)
Au niveau du numérique les chiffres sont globalement les mêmes, avec une baisse de mes ventes sur Amazon qui se confirme depuis plusieurs années. C’est compensé par une hausse des ventes directes via Ko-fi, ce qui me va très bien parce que ça permet de ne pas dépendre d’Amazon (et, vu la politique actuelle aux USA, il vaut sans doute mieux).
Au niveau des ventes papier il y a un bond sans doute aidé par la sortie de La fusillade est une science sociale, qui, étonnamment, ne s’est pas vendu tant que ça mais a permis de relancer La sorcellerie est un sport de combat.
Là encore, seule une minorité des ventes en papier se fait maintenant via Amazon, l’essentiel se faisant via BOD, qui a l’avantage de permettre à des libraires de commandes les livres (et de ne pas passer par Bezos).
Chiffre d’affaire
Comme d’habitude, c’est l’occasion de remercier les personnes qui me soutiennent financièrement malgré ma production sporadique 💜💜💜
Au total, c’est vraiment très similaire à l’année passée, ce qui n’est pas forcément dramatique parce que l’année dernière je notais que la fermeture subite de uTip l’an passé aurait peut-être plus d’impact cette année, donc au final c’est pas si mal de juste tenir le coup.
Dans le détail :
- Auto-édition : 2168€ (↗️ 2075 l’an passé)
- Abonnements (Patreon) : 834€ (↘️ 1202 l’an passé)
- Royalties (Amazon/Kobo/Smashwords/BOD) : 345€ (↘️ 377 l’an passé)
- Ventes et dons directs via le site : 989€ (↗️ 437 l’an passé)
- Droits d’auteur édition classique : 9€
Donc il y a effectivement une baisse des paiements liés aux dons réguliers, mais une augmentation des dons ponctuels. Ce qui me rassure un peu dans l’idée que les gens continuent de donner parce qu’iels en ont envie et pas juste à cause d’un renouvellement automatique 💜
J’avais aussi mis mes droits d’auteurs en édition «classique» (le terme est discutable), donc je le mets aussi cette année, en gros y’a rien mais c’est sur les chiffres de 2023 et bon voilà je suis pas sure de pourquoi je les met là à part peut-être que si j’avais un roman édité où je gagnais trente mille boules vous seriez légitime à pas forcément vous sentir obligé·e de me soutenir sur Patreon ou Ko-Fi ?
Et maintenant ?
L’an dernier j’écrivais, de façon ridiculement grandiloquente : « il est hors de question que je fasse un bilan similaire en 2024 et, si c’est le cas, je pense qu’il sera temps de mettre la clé sous la porte ». Alors, le bilan est quand même un peu similaire, donc est-ce que c’est le « clap final » ?
Ben non 🐱
Par contre je dois admettre que je n’ai plus forcément envie d’écrire autant en ce moment qu’à un moment donné. Je réalise maintenant que je me remets tout juste d’un burnout du moment où j’avais écrit Punk is undead, avec tous ces trucs intériorisé qu’un·e auteurice doit écrire, et en auto-édition il faut écrire beaucoup et régulièrement si tu veux exister etc.
Et j’en ai pas la capacité, ou pas l’envie.
J’ai envie de butiner : terminer un roman certes, mais aussi expérimenter d’autres formes comme la fiction interactive ou le jeu vidéo, mais y compris des choses moins directement liées comme des articles, ou parler du dernier langage de programmation que j’ai adoré, sortir une nouvelle version de Crowbook, parler de vélo ou je sais pas quoi, etc.
Pendant longtemps j’ai plus ou moins séparé mon gout pour l’informatique et celui pour l’écriture (avec quelques exceptions comme Betty et Karima dans La sorcellerie est un sport de combat / La fusillade est une science sociale), avec l’idée que d’un côté :
- parler d’informatique intéresserait pas les gens qui viennent pour la fiction ;
- le côté légèrement politisé de ladite fiction serait pas terrible si je voulais trouver un vrai travail.
Sauf que bon, d’une part je crois que je n’ai pas envie de travailler pour une boite qui refuserait de me recruter si elle tombait sur le compte « Lizzie Crowdagger » (on me l’a dit une fois explicitement) ; et, d’autre part, déjà je pense qu’il y a un certain nombre de geeks parmi les personnes qui me lisent et, surtout, personne n’est obligé de tout lire non plus.
Et puis, l’informatique est une science occulte, qu’on peut utiliser à des fins émancipatrices mais qui est aussi malheureusement surtout beaucoup utilisée par des connards avides de pouvoir pour en acquérir plus et asservir celles et ceux qui ne maitrisent pas ses arcanes. Ouais, y’a quand même comme un point commun avec la sorcellerie dans mes romans.
C’est pour ça que je me suis permise, avant de faire ce bilan sur l’auto-édition, de faire le bilan sur l’instance Mastodon Corneill.es, parce que même si ce n’est pas un projet d’écriture, c’est quand même connecté avec tout le reste.
Après tout, tout est connecté, c’est le principe d’une écrivaine holistique.
Alors en vrai, je ne sais pas exactement ce que je ferai demain : si ça se trouve je vais à nouveau avoir envie de faire du roman, et me focaliser là-dessus. Ou peut‑être que je proposerai plutôt un livre d’introduction à la programmation. Ou peut‑être (probablement !) rien de tout ça.
Ajout : Je sors aussi de deux évènements cools qui m’ont rappelée que voir un peu des gens ça fait du bien, et j’aimerais bien essayer de faire ça plus souvent. Donc si vous êtes une assoce, une librairie indé ou que sais-je et que vous voulez m’inviter, n’hésitez pas à proposer, et sinon je ferai ptet des trucs un peu plus schlagos 😁
J’espère juste que ce ne sera pas «devoir bosser pour moins que le SMIC pour avoir le droit de continuer à toucher le RSA». Parce qu’il ne faut pas non plus se voiler la face : en ce moment, le vent est de face, et il va falloir qu’on s’accroche, collectivement, qu’on s’aide et qu’on s’aime, qu’on construise brique par brique des espaces de résistance et qu’on se serre les coudes et les coussinets.
💜 et 🐱,
Lizzie