Enfants de Mars et de Vénus

Enfants de Mars et de Vénus

Polar fan­tas­tique lesbien

Lev est une les­bi­enne motarde. Aus­si, lorsqu’elle ren­con­tre la mécani­ci­enne Alys, ce pour­rait être le début d’une longue et belle his­toire roman­tique sur fond de bruits de moteurs.

Couverture d'Enfants de Mars et de Vénus

Sauf qu’Alys est trans. Qu’elle est soupçon­née d’être une tueuse en série psy­chopathe – peut-être parce qu’elle est trans, ou peut-être pas. Et qu’elle a des pra­tiques occultes. Des his­toires de sor­cel­lerie qui ne sont peut-être pas sans lien avec les étranges cauchemars dont com­mence à souf­frir Lev.

Mais Lev est bien décidée à ne pas se laiss­er démon­ter. Elle pour­ra heureuse­ment compter sur ses plus fidèles alliés : son poing améri­cain, ses rangers coquées et ses deux best friends for life, M. Smith et M. Wesson.

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Livre papier (12€, 380 pages)

Enfants de Mars et de Vénus est édité par Dans nos his­toires.

Quatrième de couverture

« Sauf qu’on n’est pas un cou­ple, a tranché Alys.
— Vrai­ment ? ai-je demandé, un peu sur­prise.
— Lev, je t’aime bien, mais pour l’instant on a à peine couché deux fois ensem­ble et, pour ce que j’en sais, tu couch­es avec toutes les filles trans que tu ren­con­tres. »
J’ai levé ma main en signe de protes­ta­tion.
« Ce sar­casme est com­plète­ment infondé. Et puis, qu’est-ce que tu fais des lacry­mos, des machos, des bas­tons avec les skins, des inter­roga­toires mus­clés et tout ça ? Ça ne compte pas, pour toi ?
— Si, mais ça cor­re­spond plus à la descrip­tion d’un gang que d’un cou­ple. »
J’ai haussé les épaules.
« D’accord, ai-je con­cédé. Être en gang, ça me va aussi. »

Extrait

Alys s’est retournée vers moi. Elle avait l’air sincère­ment sur­prise par ma trahi­son. Elle a passé une main dans ses longs cheveux, sans doute pour se don­ner une vague con­te­nance plus qu’autre chose. À cause de ses menottes, le geste avait quelque chose de bizarre.

Ses yeux fix­aient le canon du .44 mag­num que je pointais vers elle.

« Lev… » a‑t-elle imploré.

Elle guet­tait sur mon vis­age une émo­tion par­ti­c­ulière, le signe que je m’apprêtais à flanch­er ; mais je me suis con­tentée de sourire.

« Je t’avais dit de ne pas me faire con­fi­ance. Et puis, tu croy­ais quoi ? Que j’étais vrai­ment amoureuse d’un travelo ? »

J’espérais que mon air nég­li­gent mas­querait mon manque d’assurance. Il faut dire que mon retourne­ment de veste avait plus à voir avec un gros paquet de biftons et une carte chance « sortez de prison », mais je préférais encore jouer à l’enflure macho qu’admettre ça. Ou peut-être que c’était juste le flingue de l’inspecteur Har­ry qui réveil­lait en moi des relents de beaufitude.

Alys a soupiré, puis a plongé sa main dans la poche de sa veste. Je n’ai pas tres­sail­li : je savais qu’elle n’avait plus d’arme sur elle. Elle a sor­ti une cig­a­rette et me l’a mon­trée d’un air interrogateur.

Une con­damnée à mort avait bien droit à une dernière clope, pas vrai ? C’était la règle. Je lui ai fait un petit signe de tête, puis ai attrapé le Zip­po dans la poche de mon blou­son, tout en ten­ant le lourd revolver de l’autre main.

Je lui ai lancé le bri­quet, qu’elle a attrapé d’un geste gracile mal­gré les menottes. Après quoi elle a allumé sa cig­a­rette sans se presser.

« Alors, c’est la même vieille his­toire ? a‑t-elle demandé entre deux bouf­fées de tabac.

— Quelle histoire ?

— L’histoire du mec qui tue une trans­sex­uelle à cause de ce qu’elle a entre les jambes, parce qu’il y a tromperie sur la marchan­dise. »

Je suis restée silen­cieuse quelques instants. Je la trou­vais quand même un peu injuste, sur ce coup-là. Peut-être parce que j’avais l’impression que la tromperie était plutôt de mon côté.

Cela dit, si j’avais été sur le point de me faire descen­dre, j’aurais aus­si sor­ti des vacheries. Je pense même que j’aurais été beau­coup plus vul­gaire ; mais Alys avait tou­jours été plus classieuse que moi.

« Je ne suis pas un mec, ai-je finale­ment répondu.

— Non, a‑t-elle admis, mais c’est le même sché­ma narratif. »

J’ai haussé les épaules. Peut-être qu’elle avait rai­son. Peut-être pas. Ça ne chang­erait pas grand-chose, au final.

« Est-ce que tu as autre chose à dire ? ai-je demandé en armant le revolver. Ce serait con que tes deux derniers mots soient sché­ma nar­ratif… »

Elle a acqui­escé de la tête, inspiré une dernière bouf­fée de tabac, et jeté sa cig­a­rette par terre. Puis elle m’a regardée dans les yeux et elle a dégluti.

« Je t’aime », a‑t-elle dit.

J’ai hoché la tête avant de lever mon arme vers elle.

« Moi pas », ai-je men­ti en appuyant sur la détente.

Il y a eu une déto­na­tion assour­dis­sante, une explo­sion de sang, et Alys s’est écroulée par terre, sans vie.

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Critiques


A propos Lizzie Crowdagger

Écrivaine holistique

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