La féminisation forcée dans l’isoloir et le choix entre la cravache et le martinet, à 400 000 voix près
Soumise par une insoumise est une nouvelle érotique humoristique que j’avais commencé à écrire pour la blague après le premier tour des élections présidentielles 2022 et qui n’a jamais vraiment été achevée, mais que je mets ici pour la postérité.
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Texte intégral
un truc de filles et d’homme-soja, je me trompe tout le temps.
Léa était techniquement une fille, mais elle ne considérait pas faire partie de ces filles. Elle portait un pantalon de chantier, des chaussures de randonnées et un tee-shirt large aux couleurs d’un groupe de métal. Elle avait les cheveux courts et une sidecut.
Jenny secoua la tête, et préféra répondre à ces propos par un doigt d’honneur, rehaussé par le vernis rouge écarlate qu’elle avait au majeur.
— Heureusement, ajouta Léa sans lui prêter attention, ils ont aussi un pavé de rumsteak. Je vais en prendre un bien saignant.
— C’est ça, fais passer ton petit plaisir personnel avant la souffrance animale et l’écologie.
— C’est important pour les muscles. Tu ne peux pas savoir.
— Quoi ? s’offusqua Jenny. Parce que je suis plus féminine, je n’ai pas besoin de muscles, c’est ça ?
— C’est toi qui tiens à prendre du soja, je te signale.
Jenny poussa un nouveau soupir d’agacement.
— Je ne sais pas pourquoi je sors avec une miso pareille.
— Je ne suis pas miso, répliqua Léa, je dis juste qu’on a droit à ses petits plaisirs. Roussel a raison. Je pense que je vais voter pour lui.
— Oh, oui, éparpiller les voix de gauche pour voter pour un guignol alors que Mélenchon a des chances d’être au second tour.
Léa éclata d’un rire bruyant.
— Méluche, au second tour ? Il faut arrêter de prendre tes désirs pour des réalités, bébé.
— Si tu votes pour un guignol et que Mélenchon ne passe pas à 400 000 voix près, je te jure que…
Elle fut coupée par un nouveau rire de Léa.
— Ne t’en fais pas. Si c’est le cas, je te promets que tu pourras faire de moi ce que tu veux le jour du second tour. Je ne prends pas beaucoup de risques.
Chapitre 2
10 avril 2022
Quatorze heures
Jenny et Léa approchaient du bureau de vote.
— Tu comptes vraiment voter pour ce type qui défend la chasse ? demanda Jenny avec une pointe de raillerie.
— Tu réduis ces propos. Je vote surtout pour des jours meilleurs. Avec de la viande sur la table.
— Tu te rappelles de ta promesse ?
Une nouvelle fois, Léa répondit par un rire sarcastique.
— Au mieux, il lui manque cinq pour cent pour espérer se qualifier. Je sais que tu n’es pas forcément très douée en mathématiques, mais ça fait un peu plus de 400 000 voix d’écart.
Jenny secoua la tête, dépitée.
Vingt heures
En voyant les résultats, Jenny lança, de colère, un coussin sur son amante.
— C’est à cause des gens comme toi qu’il n’est pas au second tour !
Léa écarta le coussin et haussa les épaules.
— Je dois admettre que je ne pensais pas qu’il serait si haut.
— Ah !
— On est quand même loin du « à 400 000 voix près », cela dit.
Ensuite, elle se resservit un verre de bière, sous le regard furieux de Jenny.
Cinq heures du matin
Allongée sur le dos, Léa dormait profondément lorsqu’elle fut réveillée par les secousses de son amante.
— Hmmmm ? fit-elle.
Elle fut immédiatement agressée par la lumière bleutée du smartphone de Jenny, que celle-ci tendait fièrement devant ses yeux. Lorsque ceux-ci parvinrent enfin à faire le point, elle réalisa qu’il s’agissait des résultats officiels.
— Les jours heureux avec de la viande sur la table, hein ? railla Jenny. C’est toi qui vas être la viande sur la table.
Chapitre 3
24 avril 2022, onze heures
En France, c’était le jour du second tour, et un peu moins d’une cinquantaine de millions et de français et de françaises se préparaient à aller voter ou à s’abstenir. Tout le monde attendait les résultats qui arriveraient à vingt heures.
Mais, dans un certain appartement, ce n’était pas qu’une journée d’élections.
Pour l’occasion, Jenny avait enfilé un pantalon de treillis militaire et des rangers, qu’elles avaient piqués à son amante. Elle portait également un débardeur noir et un blouson d’aviateur communément appelé « bomber ».
En face d’elle, Léa était entièrement nue et se tenait face à la fenêtre. Il ne s’agissait pas de volonté d’exhibitionnisme, car, si les rideaux étaient ouverts, les volets étaient fermés ; c’était simplement le meilleur endroit qu’avait trouvé Jenny pour l’attacher, en faisant passer la chaine des deux menottes auxquelles les poignets de Léa était attachée autour de la tringle des rideaux.
Ce n’était pas un ligotage dont il était exactement impossible de se libérer : si Léa avait tiré un peu fort, la tringle serait facilement tombée. Mais les deux avaient admis que c’était le mieux qu’elles avaient et qu’elles allaient s’interdire de défoncer l’appartement.
Tandis que Jenny regardait son derrière, Léa secoua la tête.
— C’est ça, ton plan ? Me faire attendre là toute la journée ?
— Non, j’ai plus amusant que ça.
Léa entendit son amante partir dans la salle de bains. Elle tenta de se retourner pour voir ce qu’elle faisait, mais, à cause des menottes, il lui était impossible de le faire (du moins, sans faire tomber la tringle).
Elle entendit ensuite Jenny revenir, et passer brièvement dans son maigre champ de vision pour brancher une prise. Léa se demanda ce qu’elle lui préparait : elle savait que Jenny avait une variété de sextoy, mais il lui semblait qu’ils étaient tous sur pile ou batteries.
Puis il y eut un son mécanique bien plus aigu que les vibrations d’un vibro.
— Qu’est-ce que… ? commença-t-elle, mais elle fut interrompue.
Jenny venait de poser l’engin contre l’arrière de sa cuisse, et Léa poussa un petit cri de douleur en sentant ses poils se faire impitoyablement arracher.
— Espèce de petite salope ! jura-t-elle.
Pour la punir d’avoir utilisé un juron sexiste, Jenny fit descendre son instrument de torture sur le mollet.
— Aieuh ! protesta Léa.
— Oh, je croyais que tu étais une dure à cuire ? railla Jenny.
— Ça n’a rien à voir, je… ouch!
— Tu es vraiment une butchochotte.
— Comment tu m’as appelée ? Répète ça pour… aïe!
***
Cela dura une éternité, du moins pour Léa. Jenny, elle, estimait qu’il y avait encore des zones sur lesquelles repasser, mais, après les supplications de son amante, accepta de s’arrêter là.
Finalement, Jenny alla ranger l’épilatrice, tandis que Léa reprenait son souffle et jetait un coup d’œil dépitée à ses jambes glabres. En entendant Jenny revenir, elle se demanda ce que celle-ci allait lui réserver, maintenant. Elle espérait que ce serait plus sexuel.
Elle fut un peu rassurée lorsque Jenny posa ses doigts contre sa vulve. Mais elle ne s’attarda pas dessus, et les fit remonter sur son pubis, avant d’en caresser les poils.
— Il faudrait s’occuper de ceux-là aussi.
— Quoi ? s’étrangla Léa. Ne t’avise pas d’approcher ton engin maléfique de ma teuch’, démon !
Jenny pouffa, puis glissa un baiser dans la nuque de son amante.
— Ne t’en fais pas. Je ne vais pas t’imposer ça. Juste les choses pour lesquelles tu as tenu des propos désobligeants.
Léa fut alors traversée par une succession d’émotions. Le soulagement, d’abord, lorsqu’elle apprit qu’elle n’allait pas se faire dépoiler cette zone. L’angoisse, ensuite, lorsqu’elle repensa à toutes les remarques désobligeantes qu’elle avait pu faire. Puis l’étonnement, enfin.
— Je ne me suis jamais moquée de toi parce que tu t’épilais la chatte ? s’étonna-t-elle.
Elle s’autorisa ensuite un petit sourire de satisfaction.
— Je suis une meuf plutôt safe, en fait.
Chapitre 4
24 avril 2022, onze heures trente
La satisfaction de Léa fut cependant de courte durée. Lorsque Jenny revint, elle lui annonça :
— Bon, il faudrait peut-être aller voter. Il est temps de s’habiller.
— Pour ça, il faudrait peut-être que tu me détaches.
— Pas tout de suite. Lève une jambe.
Léa obéit docilement, et leva la jambe droite, puis la gauche, tandis que Jenny lui enfilait ce qu’elle pensait être une culotte. Ce ne fut que losrqu’elle lui remonta et que Léa sentit le fil se coincer dans la raie de ses fesses qu’elle réalisa qu’il s’agissait d’un string.
— Oh, c’est ça alors ? soupira-t-elle. Tu vas me transformer en bimbo ? Aıe !
La main de Jenny avait claqué sans prévenir sur son postérieur, et elle n’y était pas allée avec le dos de la cuillère.
— Pour ta gouverne, il s’agit uniquement de vêtements qu’il m’arrive de porter. Tu me considères comme une bimbo, c’est ça ?
— Non, se hâta de protester Léa, craignant de se faire fesser une nouvelle fois.
— Bien, alors tiens un peu ta langue.
— Je suis désolée. Je n’aurais jamais dû dire que tu n’avais pas de muscle.
Jenny regarda la fesse droite de son amante, sur laquelle commençait à se dessiner en rouge la trace de ses doigts.
— C’est moi qui suis désolée. J’aurais dû prendre en compte que tu étais une petite chose fragile.
— Hey ! protesta Léa.
Après quoi, Jenny lui fit enfiler un porte-jarretelle, puis des bas résille et une mini-jupe en cuir noir. Cette fois-ci, Léa eut la sagesse de tenir sa langue.
Elle pensait que Jenny allait devoir la détacher pour le haut du corps mais, à sa mauvaise surprise, Jenny plaça un corset rouge contre sa poitrine.
— Je ne me souviens pas m’être moquée de ce corset, protesta Léa tandis que Jenny commençait à l’attacher dans son dos.
— Oh, si.
— J’ai juste dit que ça te donnait un look de vampire. Ce n’était pas insultant. Les vampires, c’est cool.
— Tu avais ensuite parlé de suceuse de sang. En mettant beaucoup trop d’emphase sur suceuse.
— Je ne me souviens pas de ça, mentit Léa. Ngk ! Je peux plus respirer !
Jenny venait de serrer le corset.
— Tu as plus de poitrine que moi, commenta-t-elle, mais je n’ai vraiment pas serré beaucoup.
— Tu appelles ça « pas serré beaucoup » ? s’étrangla Léa.
— Excuse-moi de te malmener, petite butchochotte.
— Je m’insurge contre ce néologisme. Il n’est pas reconnu par l’Académie française, ça me trigger. Tu peux, me détacher, maintenant, peut-être ? Il faut qu’on aille voter.
Même si la position n’était pas extrêmement inconfortable, elle l’était tout de même un peu, ce qui faisait que Léa n’avait jamais été aussi pressée d’aller effectuer son devoir civique.
— Il y a encore le temps, répliqua Jenny. Ne t’en fis pas, je vais bien finir par aller déposer mon bulletin dans ton urne.
Léa resta coi. D’habitude, c’était elle qui faisait les blagues salaces.
— Il y a juste une dernière chose, ajouta Jenny.
Elle plaça ensuite une perruque blonde sur la tête de son amante.
— Hey ! protesta Léa. Je n’ai jamais dit de mal de tes cheveux. Tu as de très beaux cheveux !
— Tu te moques toujours du temps que je passe à les lisser.
— Je me moque de ta lenteur, pas de tes cheveux !
— Hé bien, tu essaieras de faire mieux, répliqua Jenny en ajustant la perruque.
Tandis que Léa essayait désespérément de voir à quoi elle ressemblait en tentant de discerner son reflet dans la fenêtre aux volets fermés, Jenny gloussa, ce qui n’augurait rien de bon.
— Je suis désolée, s’excusa-t-elle, c’est tout ce que j’ai trouvé. Ça te fait une allure de bourgeoise.
Léa grommela, mais Jenny était déjà repartie chercher quelque chose dans un placard, en se précipitant de façon beaucoup trop enthousiaste.
— Ah ! s’exclama-t-elle après avoir fouillé dans ses affaires. Parfait. Ça sera la cerise sur le gâteau.
Léa, qui avait bien compris qu’elle était le gâteau, n’était pas aussi excitée.
Son visage s’empourpra tel un drapeau communiste devant un résultat à 2,2% lorsque Jenny lui fit l’humiliation suprême de lui passer un serre-tête autour du crâne.
Se faire féminiser, elle pouvait accepter cela dans le cas de déviances sexuelles. Se faire embourgeoiser, cela allait trop loin.
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J’en ai les larmes aux yeux. ah,ah ah!
à la prochaine!
Merveilleux, continue !