Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)

Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)

À mi chemin entre True Blood et Sons of Anar­chy, avec plus de lesbiennes

— J’ai con­science que, pour beau­coup de gens, je ne peux pas être une vraie les­bi­enne parce que je suis trans. Et j’avoue que j’ai du mal à imag­in­er qui pour­rait tomber amoureuse d’une fille comme moi.

— Je vais te don­ner le même con­seil qu’aux jeunes vam­pires qui vien­nent de subir leur trans­for­ma­tion et qui ont une sale ten­dance à se lamenter sur le fait qu’ils sont des mon­stres et qu’on les regarde bizarrement : oui, c’est dif­fi­cile au début, oui, les gens sont des con­nards, mais, non, je ne suis pas la bonne per­son­ne auprès de qui venir chercher du récon­fort ou à qui déclamer des poèmes qui illus­trent la douleur de ton âme tour­men­tée. Ras­sure-moi, tu n’écris pas de poèmes ?

Livre broché (270 pages, 10€)

Une auto­bi­ogra­phie trans­sex­uelle (avec des vam­pires) est édité par les édi­tions Dans nos his­toires.

Pitch

Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)

Afin d’avancer dans son par­cours trangenre, Cas­san­dra décide de se pro­cur­er des hor­mones de manière illé­gale, sans se douter que l’association les­bi­enne à laque­lle elle s’adresse sert en fait de cou­ver­ture à un gang de motardes sur­na­turelles.

Depuis sa pre­mière sor­tie en Harley jusqu’à sa par­tic­i­pa­tion à des règle­ments de comptes, Cas­san­dra nous racon­te son his­toire. Elle par­le aus­si de son com­bat et des dif­férents obsta­cles aux­quels elle a dû faire face dans sa quête d’identité :

  • Com­ment obtenir des hor­mones et trou­ver un médecin compréhensif ?
  • Peut-on être accep­tée par des les­bi­ennes sur­na­turelles lorsqu’on est une pathé­tique mortelle ?
  • Et, surtout, que faire face à une vam­pire ”bikeuse” qui a envie de vous pour son qua­tre heures ?

Con­sti­tuée de trois his­toires où l’on suit le par­cours de la nar­ra­trice, Cas­san­dra, et d’un gang de les­bi­ennes sur­na­turelles, les Hell B☠tches cette oeu­vre mélange thé­ma­tiques fémin­istes, les­bi­ennes, trans­genre et vampiriques.

Extrait

Je suiv­is Valérie alors que nous remon­tions la rue Gam­bet­ta.
« C’est là », dit-elle.
Je me tour­nai et aperçus un bar plutôt voy­ant dont la devan­ture procla­mait fière­ment : « From L, pour les filles de la nuit ». Je trou­vai étrange de ne l’avoir jamais remar­qué jusque-là. Ce n’était pour­tant pas un lieu dis­cret.
« C’est là depuis longtemps ? demandai-je. Je passe dans cette rue régulière­ment, et…
— Fil­tre per­cep­tif, expli­qua Valérie en déver­rouil­lant la porte. Ça pousse les esprits non entraînés à regarder ailleurs. Sauf si on sait ce qu’on cherche… »
Voilà qui expli­quait sans doute pourquoi, à cha­cune de nos ren­con­tres, je ne m’étais pas ren­due compte de sa présence avant qu’elle ne m’adresse la parole.
« Je com­prends mieux l’expression « les­bi­enne invis­i­ble », main­tenant… »
Elle me jeta un regard blasé avant de me faire entr­er dans le bar.
« On est fer­mées aujourd’hui, dit-elle en allumant la lumière. D’habitude, l’ambiance est quand même un peu plus chaleureuse. »
Elle s’assit à une table et je la suiv­is, en prenant le temps de regarder la déco­ra­tion. Le tout était très som­bre et fai­sait un peu mélange entre bar goth­ique et hangar désaf­fec­té : les têtes de mort et les bou­gies noires, ain­si qu’un impres­sion­nant réfrigéra­teur relooké en cer­cueil, côtoy­aient de gros tuyaux métalliques rouil­lés et des vieux bar­ils qui ser­vaient de tables.
« J’ai ce que tu veux », annonça-t-elle.
Elle sor­tit tri­om­phale­ment un gros sachet en plas­tique de son sac à dos.
« Hor­mones féminines, mod­èle « gel à tartin­er ». Ras­sure-toi, ça tache moins que le Nutel­la. »
La porte du bar s’ouvrit soudaine­ment et une grande blonde aux cheveux courts et à l’allure de métalleuse – pan­talon noir à san­gles, blou­son en cuir de la même couleur, croix inver­sée, tout y était – entra d’un pas rapi­de avant de refer­mer la porte bru­tale­ment.
Elle nous dévis­agea ensuite tour à tour, s’attardant un peu trop longue­ment sur moi à mon goût.
« Salut, Morgue, lança Valérie.
— ’lut, Val », répon­dit la nou­velle venue.
Après quoi, elle se tour­na à nou­veau vers moi et me désigna du doigt. Je pus au pas­sage con­stater qu’elle avait des ongles noirs suff­isam­ment longs pour pou­voir pré­ten­dre au titre de griffes.
« C’est quoi, ça ? »
Valérie soupi­ra, et je sen­tis le sang me mon­ter aux joues. Je m’étais déjà fait traiter de trav­elo dans la journée, main­tenant « ça » ? Je com­mençais à en avoir plus que marre.
« Vous avez un prob­lème parce que je suis trans­sex­uelle ? » demandai-je sur un ton agres­sif.
Morgue s’approcha de moi et retrous­sa ses lèvres, dévoilant des canines proémi­nentes.
« Non, j’ai un prob­lème parce que t’es de la nour­ri­t­ure. Ce qui n’est pas un mal en soi, vu que j’ai mécham­ment la dalle. Seule­ment, on n’a plus le droit de manger les humains, de nos jours, quoique je suis en train de me dire que je pour­rais faire une excep­tion à mon régime. »
Valérie prit une grande inspi­ra­tion et se tour­na vers la vam­pire – cette fois-ci, je n’avais pas besoin de le deman­der pour n’avoir aucun doute sur le fait qu’elle en était bien une.
« Morgue, s’il te plaît…
— C’est un endroit secret ! Tu com­prends ce que ça veut dire ? Ça veut dire : ne pas amen­er de putain d’humains !
— On n’est plus un endroit secret, protes­ta Valérie d’une voix calme. Nous sommes une asso­ci­a­tion légale qui agit au grand jour.
— J’ai voté con­tre cette déci­sion ! » cria Morgue.
Elle s’assit ensuite à côté de moi et s’intéressa de nou­veau à ma per­son­ne.
« C’est quoi, ton nom ? deman­da-t-elle.
— Cas­san­dra.
— C’est un nom à chi­er », lâcha-t-elle, lap­idaire.
Valérie lui lança un regard mau­vais.
« Arrête d’être désagréable, s’il te plaît. Et puis, on était en train de dis­cuter, toutes les deux. Tu ne veux pas nous laiss­er ?
— Oui, ajoutai-je. Acces­soire­ment, dans la série « nom à chi­er », Morgue ? Sérieuse­ment ? »
La vam­pire me regar­da dans les yeux avec un air menaçant avant de me mon­tr­er ses dents une nou­velle fois.
« C’est bon, soupi­rai-je, j’ai com­pris, tu as les plus grandes canines. »
Comme pour me répon­dre, elle s’allongèrent encore de deux bons cen­timètres.
« Ouais, fit Morgue avec un sourire. Qu’est-ce que tu viens faire ici, Cassie ? »
Je lui mon­trai le sac avec les hor­mones qui traî­nait sur la table.
« Valérie m’aide à me pro­cur­er ce genre de choses. »
La vam­pire con­tin­ua à sourire, et ses canines se rétrac­tèrent pour retrou­ver leur taille nor­male.
« Alors, tu n’es pas une étu­di­ante qui tient à faire un entre­tien avec une vam­pire pour ren­dre son mémoire un peu plus exo­tique ?
— Non, soupi­ra Valérie.
— Juste une trans­sex­uelle », ajoutai-je.
Morgue hocha la tête, avant de se lever.
« D’accord, je vous laisse. Je vais grailler. Si on me cherche, je suis dans le bureau. »
Elle allait par­tir, mais sem­bla hésiter. Elle me regar­da finale­ment avec un air inter­ro­gatif.
« Ton his­toire de trans­sex­uelle, ça a quelque chose à voir avec la Tran­syl­vanie ?
— Vous ne savez pas ce qu’est une trans­sex­uelle ? » demandai-je, éton­née.
Je réal­i­sai après coup que j’avais pris un ton dédaigneux et que ce n’était peut-être pas la chose idéale à faire face à une vam­pire assoif­fée.
Heureuse­ment, Morgue se con­tenta de soupir­er d’un air blasé.
« Bien sûr que je sais ce qu’est une trans­sex­uelle. Tu crois que t’es la pre­mière à venir ici ? C’était sim­ple­ment une façon, d’une part, de mon­tr­er mon dédain envers ces ter­mes trop nou­veaux par rap­port à mon exis­tence mil­lé­naire, et, d’autre part, de cas­er une anec­dote croustil­lante racon­tant com­ment j’avais défait ce con­nard de Drac­u­la. Mais apparem­ment, tu n’es pas intéressée par ce genre de choses, alors je laisse tomber. »
Elle com­mença à s’écarter, puis se tour­na une nou­velle fois vers moi en se pas­sant la langue sur les lèvres.
« Oh, et pense à lui fil­er de la prog­estérone, aus­si. Ça donne ce petit arrière-goût au sang. »
Valérie leva les yeux au ciel tan­dis que son amie nous quit­tait.
« Il ne faut pas lui en vouloir. Ou peut-être que si, à la réflexion. »

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Critiques


A propos Lizzie Crowdagger

Écrivaine holistique

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